Llyor, de son véritable nom : Ellyanor Vandervoorth est née à Queenstown, une ville touristique de la nouvelle Zélande, suivant son frère aîné de deux ans et précédent ses cadets de six ans. De toute son enfance, elle fut une gamine insouciante, qui aimait jouer le casse-cou, qui aimait partir à la découverte de la moindre chose avec son frère, Dante, l'aîné de la fratrie de quatre enfants. Et malgré le fait de vivre dans cette petite ville aux allures modestes et sauvages, les Vandervoorth ne manquaient de rien. Tout simplement parce-que la ville leur appartenait. Elle était à eux et Llyor malgré son caractère innocent, aimait le clamer haut et fort, criant à qui voulait l'entendre que si on venait la faire chier, elle les ferait tout simplement expulser par ses parents. Ses parents qui en plus d'être propriétaires de cette ville qui attirait bon nombre de visiteurs, étaient bien proche d'un ministre. Un ministre qui était le parrain des enfants. Et que nous soyons enfants ou adultes, innocent ou mâture, l'argent nous rendait fous, nous donnant une impression de forte supériorité. Et malgré leurs jeunes âges, Llyor et ses frères n'y échappaient pas.
 
Elle la première.  Derrière ce visage angélique et ces yeux si doux, se cachait une véritable peste qui aimait s'amuser de la peine, la souffrance des autres. Partir à la découverte des choses était une passion pour elle, mais prendre les autres jeunes de son âge pour des souffres douleurs était une façon de vivre, de se sentir forte et puissante. Et aucun membre de sa fratrie ne semblait bien différent d'elle. Et parfois c'était ensemble qu'ils s'amusaient a martyriser les autres. Ils étaient soudés. Ils étaient une vraie famille.
 
Personne ne souhaitaient s'approcher d'eux. Et Llyor s'amusait particulièrement à s'en prendre aux filles. Car c'était pour elle, la seule manière d'être proche d'elles, sans que personnes ne puissent deviner qu'en réalité, elle refoulait ce qu'elle était elle-même. Une fille qui aimait les filles. Et pour elle, comme pour ses parents, ce n'était pas normal.  Seul son frère était au courant et tentait de lui faire comprendre qu'il n'y avait aucune honte à cela. Que c'était loin d'être anormal.
 
Mais elle trouvait sa vie parfaite ainsi. Jusqu'au jour où tout bascula. Ce jour qui fit d'elle une extrémiste. Une de ces personnes souhaitant détruire les métamorphes.
 
Il faisait nuit. La famille était réuni. Ils rigolaient. S'aimaient malgré tout. Liés. Soudés. Ils étaient ensemble. Et pensaient le rester. Or, cette nuit-là, les cris se firent entendre dehors. Les hurlements. Des hurlements d'animaux. Des loups, des ours, des félins. Tant de cris si différents mais pourtant si ressemblant par la haine transpirant dans leurs hurlements. Et subitement, ils furent là. A l'intérieur. Saccageant tout. Le sang, le feu, les bruits de balles, de déchirure de chair, les os qui se brisent, les couinements de douleur, les cris de peurs, les sanglots. Tout ce qui se passait devant elle n'était qu'un amas d'image sans queue ni tête. La seule chose qu'elle comprenait à cet instant horrible, était que sa famille était attaquée, acculé dans les coins de la pièce telle les proies qu'ils étaient à ce moment-là. Du gibier. Pris au piège. Et le carnage continuait. Ses parents se battaient, comme ils pouvaient, tentant de défendre leurs quatre enfants. Dante s'était mêlé à cette bataille, criant à ses sœurs et son frère de se cacher. Les jumeaux le firent, encore trop jeunes pour que la peur ne les enveloppe pas. Mais Llyor, elle, resta figée là, pétrifiée par ce qu'elle voyait. Puis tout aussi subitement qu'ils étaient venus, les thériantropes repartirent, laissant les cadavres de leurs parents sans même se préoccuper d'eux. Dante, quant à lui, avait écopé d'une vilaine blessure sur le torse, partant de la hanche droite, jusqu'à son sein gauche.
 
Ce soir-là, les enfants Vandervoorth furent en deuil, et Llyor pleura pour la première fois de sa vie. La première et la dernière fois. La douleur était grande, mais elle fut rapidement balayée, remplacée par une haine sans nom. Elle voulait la vengeance. Elle la réclamait. Ardemment. Pourtant, elle n'avait à l'époque, que vingt-ans. L'âge, où tout devrait réussir à passer. Mais rien ne passa, malgré les jours qui défilaient. Son caractère s'assombrit davantage. Son envie de vengeance devenait plus grande, plus imposante, enveloppant tout son être.
 
 
Alors, une nuit, un mois après, elle décida de se rendre sur le territoire d'une meute de métamorphe vivant non loin de Queenstown. Elle savait que ce n'était pas ceux qui avaient attaqués et tués ses parents. Mais elle s'en fichait. Royalement. Elle s'arrêta à la frontière de leur territoire, réfléchissant. Elle voulait les tuer, les massacrer, mais elle savait que seule, elle n'en ressortirait pas vivante. Mais comme un signe du destin, une jeune métamorphe, d'une douzaine d'années, se dirigeait vers elle, un sourire si doux sur le visage qu'elle aurait pu faire craquer n'importe qui. N'importe qui, excepté Llyor, qui sans aucun état d'âme, tira une balle dans la tête de l'enfant.
 
 
C'est ainsi, qu'elle atterrit en prison. Pour le meurtre de sang-froid qu'elle avait commis. Et sa haine ne fit que s'amplifier. Pourquoi finissait-elle en prison, pour avoir tué une seule métamorphe, alors que les meurtriers de ses parents courraient toujours ? La justice n'existait-elle donc pas ? Fallait-il défendre ces monstres aux prix des humains, des gens normaux ? Elle passa plusieurs mois enfermée, cloitrée comme un animal. Plusieurs mois durant lesquels elle rencontra d'autres personnes dans son cas, qui lui parlèrent des extrémistes. De ceux qui voulaient détruire ces monstres à moitié animal. Ces suppôts de Satan. Ces aberrations.
 
 
A sa sortie de prison, cinq ans plus tard, pour bonne conduite, elle fut récupérée par son frère, avec qui, dans ses courriers, elle avait parlé des extrémistes et qui avait réussi à entrer en contact avec eux. Et c'est ainsi que la fratrie avait rejoint ce groupe de militant. Aujourd'hui, un an après, Llyor, est bien pire qu'avant et n'hésite pas à tuer les métamorphes, qu'il soit ou non enfants. Et lorsqu'on lui demande pourquoi elle fait partie des extrémistes, ses monstres ne luttant que pour la disparition d'une espèce, sa seule réponse est « parce-que qui a dit que c'était les extrémistes les monstres ? »