C'était il y a trente ans, que dans une petite ville de la Nouvelle-Zélande, Queenstown, naquit le premier enfant de la famille Vandervoorth. Le premier d'une grande fratrie. Un petit garçon, qui dès son plus jeune âge s'intéressa à la moindre petite chose : Lecture, art, sport. Tout passait sous ses mains, et il dévorait avec tellement de passion et d'envie, que ses parents ne pouvaient refuser de lui acheter le dernier bouquin du moment, de l'inscrire au dernier sport qu'il avait en vue. Mais l'enfant, si passionné par toutes ces choses, changea bien radicalement en grandissant. La richesse de ses parents, l'avait rendu imbu de lui-même, et dès le début de son adolescence il se considéra supérieur aux autres. Après tout, il avait ce qu'il voulait quand il le voulait. Il avait l'argent, le charme, et toutes les filles à ses pieds. Et comme sa sœur Llyor, il criait haut et fort à qui voulait l'entendre, qu'il pouvait faire expulser de la ville qui il voulait si jamais ils décidaient de s'en prendre à lui ou de ne pas lui donner ce qu'il désirait. Il était un adolescent arrogant et ingrat avec un caractère de fouine machiavélique. Il aimait s'en prendre aux autres, les bousculer, les martyriser afin de montrer qui était le plus fort, qui faisait la loi, qui choisissait ce qui allait arriver.

Ici, à Queenstown, il était la bête noire. Et rien ne semblait s'arranger au fil des années. Pas même quand les jumeaux vinrent aux mondes. Il devait pourtant donner l'exemple, mais lui et Llyor se faisaient une grande joie d'embarquer les plus jeunes dans leur sadisme à l'état brut : Leurs apprenant où frapper pour faire le plus mal, quels mots dire pour blesser le cœur et l'âme, quelle connerie faire pour dégrader les choses. La seule chose qu'on ne pouvait reprocher à Dante, à l'époque, était que contrairement à sa sœur, il ne s'en prenait jamais aux filles. Et c'était d'ailleurs une chose qu'il ne cautionnait pas. Pourtant, sa sœur le faisait, et elle était la seule qu'il laissait faire. Pas qu'elle était elle-même une fille, mais qu'il était au courant de la bataille faisant rage dans sa tête. Elle était attirée par les femmes et refusait de l'admettre, considérant cela comme une maladie. Une chose que leurs parents leurs avaient inculqué dès le plus jeune âge. Et malgré le fait que lui, son aîné tente de la convaincre que c'était pourtant une chose normale, elle refusait de le croire, continuant de renier ce qu'elle était.

Mais comme sa sœur, il trouvait sa vie parfaite ainsi. Après tout, il était un bourreau et un tombeur. Il avait tout. Tout ce qu'on pouvait désirer. La richesse, les nuits de folies en compagnies de belles femmes, les belles voitures de sports, les vêtements de marques les plus réputées, et les objets dernier cris. Il avait tout pour être heureux. Jusqu'au jour où tout bascula. Ce jour qui fit de lui extrémiste. Une de ces personnes souhaitant détruire les métamorphes.

Il faisait nuit. La famille était réunie. Ils rigolaient. S'aimaient malgré tout. Liés. Soudés. Ils étaient ensemble. Et pensaient le rester. Or, cette nuit-là, les cris se firent entendre dehors. Les hurlements. Des hurlements d'animaux. Des loups, des ours, des félins. Tant de cris si différents mais pourtant si ressemblant par la haine transpirant dans leurs hurlements. Et subitement, ils furent là. A l'intérieur. Saccageant tout. Le sang, le feu, les bruits de balles, de déchirure de chair, les os qui se brisent, les couinements de douleur, les cris de peurs, les sanglots. Il voyait son frère et ses sœurs terrorisés, trembler, alors il se jeta dans la mêlé, tentant de défendre ses parents, criant aux plus jeunes de partir, de s'enfuir, de se sauver... Les jumeaux le firent, encore trop jeunes pour que la peur ne les enveloppe pas. Mais Llyor resta figée là, pétrifiée par ce qu'elle voyait. Puis tout aussi subitement qu'ils étaient venus, les thériantropes repartirent, laissant les cadavres de leurs parents sans même se préoccuper d'eux. Des cadavres déjà froids, sanglant. Quant à lui, il était vivant. Vivant mais amoché. Une immense blessure partait de sa hanche droite jusqu'à son sein gauche.

Ou tout du moins, il était vivant physiquement, mais plus mentalement. Son cœur, son âme étaient morts ce soir-là. Ils étaient partis avec ses parents. Ce soir-là, les enfants Vandervoorth furent en deuil, et Dante pleura pour la première fois de sa vie. La douleur était grande, mais elle fut rapidement balayée, remplacée par une haine sans nom. Or, la vengeance qui c'était installé dans son cœur et l'aversion qu'il éprouvait désormais pour ces hommes à moitiés animaux, dû être remis à plus tard, lorsque Llyor fut mise en prison pour le meurtre d'une enfant. Sur ce coup, il était hésitant. Il ne savait pas si sa sœur avait ou non fait le bon choix. L'enfant était certes une métamorphe, mais elle était justement qu'une enfant. Mais sa haine envers eux, prit bien vite le dessus sur la raison, et il accepta. Sa sœur avait eu raison.