Si jeune et pourtant déjà bien torturée par la vie. Une vie qu'elle haït de tout son être, de toute son âme. Une vie qu'elle aimait pourtant par le passé, lorsqu'elle n'était qu'une enfant innocente jouant avec ses frères et sa sœur. Une vie qu'elle aimait, quand dans sa ville natale, Queenstown, elle était considérée comme une petite reine intouchable.

Mais si, comme pour ses aînés, on vous comptait son histoire ? Comme eux, elle est née en Nouvelle-Zélande, dans la ville touristique et attirante de Queenstown. Une petite ville charmante et accueillante, situé en pleins territoire sauvage, entourée par de magnifiques montages et de belles forêts. Une ville dont ses parents étaient les propriétaires. Des Vandervoorth, ce couple riche, elle était la troisième enfant. Naissant en même temps que leur dernier fils : Ashton. Son jumeau, sa moitié, son tout. Vous voulez qu'on vous dise, que les jumeaux étaient d'adorables bambins, aimant et croquant la vie à pleine dent ? Mais bien au contraire. Les jumeaux Vandervoorth étaient bien différents des enfants de leurs âges et même de leurs aînés à l'époque où ils avaient le même âge qu'eux. Dès leurs plus jeunes âges, Aishlinn et Ashton furent mystérieux et bien trop calme, comme sil ils voyaient la vie en noir et blanc. Comme s'ils étaient nés complètement dénudés de tout sentiments humains. Pourtant, des sentiments ils en avaient. Comme celui de supériorité vis-à-vis des autres, hérités de Dante et Llyor. Et comme eux, ils aimaient montrer leurs richesses, et se servir de la réputation de leurs parents pour engendrer la peur et le respect envers eux.

Mais contrairement à leurs aînés, ils n'avaient pas besoin de frapper, de bousculer ou d'insulter pour faire peur. Leur seule présence terrorisait. Pour beaucoup, ils étaient des zombies sans aucunes lueurs dans le regard. Ils étaient sombres. Sans joie, sans envie de vivre. Ils étaient amorphes. Semblable à ces adolescents dépressifs qu'on appelait les Emo, ou les gothiques. Et malgré leurs styles ressemblant à ces derniers, ils étaient loin d'avoir le même état d'âme. Très loin. Eux, ils avaient envie de vivre. Du moins, ils en avaient l'envie avant. Avant que leurs petites vies basculent.

Il faisait nuit. La famille était réunie. Ils rigolaient. S'aimaient malgré tout. Liés. Soudés. Ils étaient ensemble. Et pensaient le rester. Or, cette nuit-là, les cris se firent entendre dehors. Les hurlements. Des hurlements d'animaux. Des loups, des ours, des félins. Tant de cris si différents mais pourtant si ressemblant par la haine transpirant dans leurs hurlements. Et subitement, ils furent là. A l'intérieur. Saccageant tout. Le sang, le feu, les bruits de balles, de déchirure de chair, les os qui se brisent, les couinements de douleur, les cris de peurs, les sanglots. Ils étaient à cet instant horrible, attaqués, acculés dans les coins de la pièce telle les proies qu'ils étaient à ce moment-là. Du gibier. Pris au piège. Et le carnage continuait. Leurs parents se battaient, comme ils pouvaient, tentant de défendre leurs quatre enfants. Dante s'était mêlé à cette bataille, criant à ses sœurs et son frère de se cacher. Les jumeaux le firent, encore trop jeunes pour que la peur ne les enveloppe pas. Mais Llyor, elle, resta figée là, pétrifiée par ce qu'elle voyait. Puis tout aussi subitement qu'ils étaient venus, les thériantropes repartirent, laissant les cadavres de leurs parents sans même se préoccuper d'eux. Dante, quant à lui, avait écopé d'une vilaine blessure sur le torse, partant de la hanche droite, jusqu'à son sein gauche.

Ce soir-là, les enfants Vandervoorth furent en deuil. Mais contrairement à ses aînés, Aishlinn ne pleura pas. Elle ne versa pas une seule larme. N'émit aucun sanglot. Son cœur ne semblait pas apte à le faire. Mais durant toute la soirée, elle tint Ashton dans ses bras, qui lui pleura. Et qui pleura encore quand Llyor fut emprisonnée. Ce n'est pas que la jeune adolescente ne ressentait rien, car elle aimait sa famille, mais c'est que pour elle, les larmes n'auraient servi à rien. Ses parents étaient morts, sa sœur était en prison et pleurer ne pourrait rien y changer. Elle devait se montrer forte. Et elle le fit.


Durant les cinq années qui suivirent, elle ne changea pas grandement. Restant l'adolescente insensible qu'elle avait toujours été. Mais elle se féminisa un petit peu plus, abandonnant l'accoutrement sombre d'adolescent dépressive, se forgeant un masque de joie et de sourire qu'elle lâchait à tout vas, pour mieux manipuler les gens. Enfin, quand elle parlait de gens, elle pensait plutôt aux métamorphe qu'elle fréquentait, et qui du jour au lendemain disparaissaient sans laisser de traces. Comme par magie. Comme par hasard. Alors quel ne fut pas son bonheur quand son frère les fit entrer chez les extrémistes. Un groupe au sein duquel elle trouva rapidement sa place. Sa place de manipulatrice. Car son rôle était tout trouvé. Avec son jolie minois et son sourire racoleur, elle était celle qui partait à la conquête de ses bêtes animés par la perversité, qui les attirés et les piégeaient pour que les autres extrémistes prennent le relais.


Et au jour d'aujourd'hui, Aishlinn adore ce rôle. Elle aime voir cette lueur d'incompréhension, puis la terreur s'affichait sur le visage de ses proies lorsqu'ils comprennent qu'ils ont étaient piégées comme de vulgaires animaux qu'ils soient. Autrefois fois, ses parents furent le gibier, mais à l'heure actuelle, son gibier à elle sont les métamorphes.