Un jour bien au hasard d’une année choisie par la providence, Isis vit le jour. Enfant d’une famille d’ores et déjà déchirée, le jeune garçon ne connut jamais le paternel qui coulait dans ses veines, bien que ce dernier ait joué un rôle majeur dans la nature-même de son enfant, diluant le sang de sa mère métamorphe au sien, humain.

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Isis dût apprendre très tôt à s’occuper non seulement de lui-même, mais également de sa chère génitrice, victime comme d’autres de dégénérescence fronto-Temporale ou DFT, suite à l’apparition prématurée de son entité animale alors qu’elle était encore une enfant. C’était ce pourquoi sa mère l’avait mis au monde. C’était ce qu’elle lui répétait sans cesse.

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Au plus jeune âge, il avait appris seul la cuisine pour subvenir à leurs besoins, les parties de cache-cache pour la préservation de sa santé physique et mentale, la lecture pour calmer ses diverses crises lorsqu’il atteignait le fameux point de rupture. Au-delà, sa mère lui enseigna la patience et le sens des responsabilités dont un enfant est censé être épargné. Fort heureusement malgré les circonstances, il fut protégé de troubles semblables à celui de sa mère en parvenant à maîtriser l’arrivée de sa transformation qu’il sut bloquer jusqu’à ses treize ans.

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Ce fut ainsi qu’il grandit : sacrifiant le peu qu’il avait au détriment de sa mère. Si bien qu’à la majorité atteinte, l’hybride se résolut à quitter cette femme qui, il l’avait enfin compris, ne pourrait jamais être sauvée. Pourtant aussi fort et indépendant qu’il pouvait l’être, Isis ne connaissait que peu le monde et son fonctionnement et encore à ce jour, il est victime de quelques lacunes plus ou moins remarquables. Commença alors une courte période de précarité durant laquelle il manqua de perdre son intégration à la société-même, et c’est après plusieurs mois difficiles qu’il tomba sur une porte de sortie impromptue : la meute du Brasier, qui lui avait généreusement tendu la main, ouvert les bras, en lui proposant de l’accueillir en son sein.

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A partir de là, tout est devenu plus facile et plus complexe à la fois : Isis a trouvé sa place, la sienne, vraiment. Il a pu se dégoter un logement dans le quartier appartenant à sa meute, et se lancer dans une voie des plus inattendues : la thanatopraxie. Pourquoi ? “𝑃𝑎𝑟𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑟𝑡𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑚𝑜𝑖𝑛𝑠 𝑏𝑟𝑢𝑦𝑎𝑛𝑡𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡𝑠”, vous répondra-t-il avec simplicité.

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Pourtant il ne parvient toujours pas à se sentir serein face aux métamorphes, lui qui fut victime de l’une d’entre eux pendant dix-huit années de sa petite vie silencieuse. Il est d’ailleurs lui-même victime de ses propres dégouts, puisqu’il est en conflit quasi-constant avec son animal intérieur. Assez pour se faire passer pour un humain pur-race aux yeux des plus naïfs malgré son appartenance à la meute du Brasier. C’est quelque chose qui le dépasse, ces montées d’anxiété amères, ces bouffées de chaleur et même parfois, face aux métamorphosés, de fébriles tremblements. Pourtant, on ne soupçonnerait pas le poids du vécu accablant ses épaules : la plupart du temps il est extrêmement difficile de cerner ces signes, car Isis ne laisse que peu d’expressions passer la barrière de son langage corporel. Son self control est assez remarquable pour que les fois durant lesquelles il s’est déjà réellement énervé se comptent sur les doigts d’une main. Or sous ce fleuve tranquille et paisible, il habite une tempête d’émotions qui le déchirent de l’intérieur. Un petit cyclone.

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Il aura beau ne pas s’entendre avec le félin qu’il abrite malgré lui, leurs points communs sont assez frappants, notamment par les paradoxes qu’ils abritent tous les deux. Il aura l’air dans la lune quand il ne le sera pas, ne dira rien quand il saura tout, et préférera toujours qu’on le pense idiot. Isis est un jeune homme difficile à suivre et dont la pensée en arborescence va parfois tellement vite qu’il est difficile de saisir ses actions et réactions.