Annie Rockbell s’est toujours démerdé seule, de toute façon comme on dit, on est jamais mieux servi que par soi même.
bordel elle avait pu constater la véracité de ce dicton plus d’une fois !
Toujours à aller depuis l'adolescence de droite à gauche, entre boulots crades et recoins mal famés, les mains dans le cambouis un jour et l’autre dans la bouffe, et elle se marrait bien lorsqu'on lui parlait de vacances de plage et de palmiers, ces conneries la étaient bien loin de son monde et de ses préoccupations.
 

Sa mère lui avait laissé un bar de merde, au pied duquel elle retrouvait parfois déposés comme on mets sur le rebords du trottoir les poubelles, de petits couffins empli de pleurnichards même pas sevrés.
 

Ça avait commencé avec un, puis deux, elle qui n’était qu’une sale gosse rassemblant du fric pour redonner à son bar une seconde chance, la voilà avec deux moutards sans nom et des lettres, qui s’adressaient à sa mère crevée depuis longtemps.

Sans doute qu’elle les aurait laissés, si un jour au détour d’une aventure son propre ventre ne s’était pas arrondi d’une grossesse non désirée, et pourtant, elle avait fini par vouloir le voir ce petit être humai’ qui grossissait en elle, se disant que peu importe, seule elle l’aimer ait et qu’elle avait un ranch pour élever ce petit.
 

Vouloir pourtant ne signifie pas pouvoir, et les médecins lui ont simplement donné un nom à donner à cet enfant qui ne vivra jamais. Une ‘’fausse couche’’
 

Mère qui ne serait plus mère.
 

Elle s’était occupée de métamorphes qui n’étaient pas desirés, des déchets ou des monstres aux yeux de la société, et franchement, les placer dans un refuge pour gosses malheureux aurait dû être la meilleure chose à faire. Pourtant… chiotte, ils étaient là avec une lettre humide de larmes qui implorait un espoir pour ces vies jetées à la benne.

Sa mère avait été bien meilleure qu’elle, c’était certain, lui laissant ce simple endroit délabré couvert de dettes et une vieille étable ou finissaient de mourir quelques vieux chevaux de traite. Parfois elle pense qu’elle aurait aimé mieux la connaître, cette folle qui l’avait mise au monde dans le foin entre deux génisses, mais disparue du jour au lendemain, que faire de mieux à part se lever et marcher.

 

C’est aussi con que ça, cette histoire qui avait commencé d’une façon aussi surprenante que sordide. Et Annie s’était occupée de ces quelques gamins comme s’ils avaient pu être ses propres enfants bien avant qu’elle n’aie elle-même pu en avoir.
S’occuper de ceux des autres lui suffisait, c’étaient un peu ses chiards à elle aussi après tout, et les années passant, son labeur donnant, elle redonne à son bar une seconde gueule.
 

Les gamins grandissent, s’emancipent puis s’en vont sans que jamais leurs cœurs ne puissent se quitter les uns des autres, elle était maman à sa façon, à sa façon bizarre et maternelle…
 

Ses enfants s’en vont, et elle fait son choix lorsque chaque petit corps quittant son giron l’abandonne.
Dans ce labyrinthe vide au sous sol de son bar elle monte un hôpital clandestin pour touts ces métamorphe qui s’entretuent ou se font déchirer par le monde qui les rejette, parc qu’un jour peut être, c’est un de ses propres enfants qui aura besoin d’être recousu et qu’elle sera prête à les sauver.
 

Des âmes perdues il y en a des tas, et quelque part… elle espère qu’un jour à nouveau sur le pas de sa porte elle pourra a nouveau redevenir mère et donner son trop plein d’amour à un être dont personne n’a voulu.

Un soupir aux lèvres elle observe par delà la devanture de son bar le monde qui défile, écrasant les clopes les unes après les autres en jouant du doigt contre la crosse du révolver accroché sous son bar.

Des petits enculés elle en a vu des tonnes.