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Ange Somo

ft James Supamongkon Wongwisut
Soumis

24 ans
Celibataire

Homosexuel

Ange a grandi sur une petite île que l’on appelle « L’ancien monde », pour autant cette île est bien sur Terre, mais vous n’y accéderez jamais. Elle n’apparaît sur aucune carte, jamais aucun être humain n’a pu relater sa découverte. Des avions ? Toujours sur le radar jusqu’à ce qu’il survole son île et ne revienne jamais.

Il est né un jour chaud au cœur d’une nuit profonde. Ce jour-là, sur son île, la lune a pris une couleur magenta, magnifique. Durant cette nuit, tout être vivant qui avait vu le jour avait été attribué à la royauté en place. Humains, animaux, tous étaient offerts à la Reine pour montrer respect et honneur. Depuis qu’il est né, Ange ne se souvient que d’un pouvoir matriarcal de femmes puissantes.

Il est né homme. Sa frêle stature l’a catégorisé humain, il avait semblé que le doute soit impossible sur sa condition. En clair ? Il serait un serviteur de plus du royaume. Il n’est pas d’une rareté que beaucoup convoitait mais son physique avait une beauté particulière, ce qui le rendait aussi rare que voir le commencement d’un arc-en-ciel. Il fut arraché au bras de son parent, homme ou femme ? Il ne le saura jamais. Ce qu’il su en revanche était que ses parents avaient été traînés dans la boue avant d’être égorgés sur la place public comme des animaux, leurs têtes avaient été mises sur une pique à l’extérieur de la ville. On avait beau lui raconter cette histoire, avec des rires, ça ne lui faisait ni chaud, ni froid. Il ne les connaissait pas. Avoir des parents, ce n'était pas un sentiment qu’il connaissait.

Son premier souvenir, il le voyait aussi clairement que s’y ça s’était passé hier. Petit, il se croyait en sécurité au sein du château de la reine, en compagnie de sa fille, il était un petit garçon épanouie. Jusqu’au jour de ses huit  ans. Enfant de la lune, il avait toujours été sensible à son contact. Cette nuit-là, il avait été traîné hors des appartements qu’il avait eus depuis son enfance. On l’avait jeté dans une des geôles de son « chez lui ». Une soit-disante précaution d’usage dans un monde peuplé de métamorphe. Ange était pourtant sûr qu’il n’était pas un danger, c’était ce qu’on lui avait toujours répété.

​

L’Enfer avait déferlé sur lui.

C'était incompréhensible pour lui. Il savait depuis un moment que les garçons étaient emmenés entre huit et dix ans dans les geôles afin de brider leurs pulsions. Ange n’aurait jamais cru que pour lui il y aurait une première fois mais aussi une seconde fois. Les coups avaient plu sur lui, meurtrissant son corps d’enfant au point que sa voix avait fini par ne plus émettre le moindre cri. Il n’était d’un humain, il ne comprenait pas cet acharnement mais à chaque coup, sous la sensation électrisante de la douleur, il se souvenait de certaines paroles.

« Il est trop gracile pour un humain.», « Le chouchou de la princesse est si beau, ce n'est pas un simple humain.», « S’il devait être un métamorphe, tu dirais lequel ? Un banal, un loup.»

Il ne comprenait pas pourquoi on s’efforçait d’imaginer ce qu’il pouvait être. Chaque coup lui faisait remonter une vague d’hémoglobine dans la bouche. La douleur emplissait son corps de colère, une colère qui se battait contre un apaisement certain. Ce pourquoi la couronne l’aimait temps, sa capacité qu’il avait par sa simple présence à apaiser les maux et les tensions. Les hommes qui avaient la main sur lui, Ange ne pourrait jamais les oublier. Les combattants de la cour, des hommes surentraînés, des combattants hors pair. Il ne leur avait jamais vu de larme sauf cette nuit-là à chaque coup qu’il lui portait, comme si leur instinct leur interdisait de faire ça, mais que les ordres étaient les ordres.

Les minutes passèrent, un soulagement pour les hommes qui ne voyaient rien d’autre d’un préadolescent réduit en miettes. Leur relâchement fut une erreur. Sa douleur fut tout autre lorsque les craquements prirent le dessus, le glissant dans une peau qu’il ne connaissait pas. La chaleur fut douce, rassurante, une sensation de bien-être, un abandon à ce qu’il ne savait pas. Ange ne souviendra jamais de la surprise dans les yeux des deux guerriers, encore moins de la main qu’il lacéra avant qu’elle ne puisse passer sur sa tête duveteuse. Ange n’était pas un loup, il était bien plus précieux que ça, bien plus rare même dans cette région hivernale de son pays. Il était une panthère blanche au pelage tâché de noir.

 

Il aurait pu mourir cette nuit-là. Forcé le processus de formation d’un individu n’est jamais quelque chose de recommandé. Spécimen rare, on avait tout fait pour le soigner mais il n’avait pas été si bête. Il savait que plus rien ne serait comme avant, et ce déclic avait eu lieu lorsque de ses yeux il avait vu les deux guerriers, les deux loups, mort après s’être entre-tué à cause de lui devant sa cellule. Ange n’avait pas su pourquoi, mais l’acharnement et l’imploration dans leurs yeux étaient gravés à jamais dans sa mémoire. Désormais, il n'est plus le précieux homme de compagnie de la princesse. Non, il était devenu son animal de compagnie, son garde du corps, son monstre personnel. Seul serviteur métamorphe de sa génération à avoir rejoint les ordres de la couronne.

 

Durant plus de trois ans, on lui avait appris à répondre aux ordres de la petite princesse : félin, humain, et inversement jusqu’à l’épuisement. Elle le prenait pour un gros chat domestique, capricieuse, elle ne lui épargnait aucune baisse d’énergie. Entraîné la journée à sa défense, Ange ne savait plus qui il était. On lui avait toujours épargné les armes, aujourd’hui il devait en être une lui-même. Il devait apprendre à tuer à mains nues ou avec ses griffes, le soir, elle le faisait parader à son côté. Habillé d’une simple étole de mousseline rouge, on lui avait épargné la laisse, mais on l’avait couvert de certains bijoux, de ceux qu’il avait appris à reconnaître comme ceux des esclaves. Deux manchettes et un collier d’argent sur sa peau pâle, le tout fait sur-mesure. Elle l’exhibait comme une bête de foire, faisant naître en lui une provocation naturelle, un dédain, qu’il n’aurait  jamais crue possible, car ce n’était pas lui. Il était un homme doux, lumineux, bon, tout le monde l’appréciait. Les dominants aimaient sa compagnie, il arrivait à apaiser son entourage par sa simple présence. Il lui avait fallu des conversations tardives, des livres cachés pour essayer de comprendre le monde auquel il appartenait. Quand il arriva à ses conclusions, il ne savait plus ce qui était plausible, ou complètement erroné dans ses livres.

 

Ce dont il était sûr, c’est qu’il était déjà un homme, qu’il était un métamorphe contre toute attente. Sa nature faisait de lui un être rare, un félin dans une contrée de loups. On lui avait retiré ses appartements pour le mettre dans l’aile des serviteurs animaliers, il se retrouvait donc entouré d'hommes et de femmes assez proches de lui. Sa compagnie était souvent demandée, parfois il se retrouvait entouré de gradés et de dominants, il n’avait pas besoin de parler juste d’être là.

 

Par ses lectures qu’il ne savait pas être justes ou fausses, il en avait conclu être un soumis, néanmoins il était un combattant hors-pair, souvent regardé de travers par les dominants. Sa condition d’homme et de soumis ne plaisait pas, il devait faire attention à lui car il ne doutait pas qu’un accident puisse le mener au fond d’un ravin. Pour le moment tout semblait calme autour de lui. Il se souvenait d’un chapitre important celui des dons, Ange supposait que sa survie était due à cette question encore sans réponse.

 

Encore hors de sa puberté, Ange était un garçon tout en finesse à qui on avait refusé une coupe courte au contraire de tous les esclaves. Il avait appris à faire avec tressant et attachant ce rideau de cheveux sombre. Ses traits anguleux n'avaient pas l’air de faire détourner des regards qui le mettait mal à l’aise. Il n’avait jamais tourné le regard sur le corps de qui que ce soit, trop méfiant, ça ne lui avait jamais effleuré l’esprit. Il n’avait jamais aimé le regard que l’Alpha posait sur lui, une convoitise qui lui donnait la chair de poule, une dominance qui lui forçait à détourner les yeux. Ce fut aussi à cette époque de sa vie qu’on lui força à apprendre la maîtrise de lui, et de son animal, ne pas céder à ses pulsions. Jamais. Il détestait le pommeau d’or qui s’abattait sur ses reins, parfois derrière ses genoux et qui faisait surgir son félin. Lorsque c'était le cas, il s'agissait d’un échec.

 

Ce fut le jour d’un échec qu’il se rendit dans les bains, seule place d’hygiène dédiée aux esclaves avec un privilège. Chouchou de la princesse, il y avait donc accès. Ce jour-là, il avait prélassé son corps endoloris par les coups dans l’eau brûlante après s’être lavé. L’ Alpha avait assisté à son entraînement, le perturbant plus qu’il ne l’avait aidé. Les coups de canne avait plus sur son dos, même s’il se rétablissait mieux que les humains, le processus pouvait être long et son corps en restait douloureux. L’homme à la carrure plus imposante que lui avait insisté pour se mesurer à lui chose qu’il avait tenté de fuir. Il n’avait pas été mauvais, mais la constellation de bleus sur ses côtes semblait le narguer, à l’image de la coupure qui entaillait sa main assez profondément.

 

Occupé à s’auto osculté, Ange ne vit pas l’arrivée de l’Alpha dans les bains, ce ne fut que le bruit de l’eau qui l’arrêta. Tout en muscle, le corps marqué de cicatrices, il lui fallut plusieurs minutes pour remonter ses yeux dans ceux bleus de son aîné. Il avança vers lui, Ange recula, cet homme n’était qu’une prédation et une domination sur pattes. Le bord du bain l’arrêta et l’homme attrapa son avant bras ne lui imposant qu’une seule phrase : « Laisse-moi te soigner.». Il savait que l’homme avant le don de guérisseur physique mais il n’était pas habitué à ce qu’on le touche. Personne ne le faisait.

Le simple contact déploya en lui une sensation de chaleur exquise qui lui fit, pour une fois lever, les yeux vers lui. Oui, il ne pouvait nier le charme de son supérieur, ce qui n’arrangeait jamais rien à son malaise en sa compagnie.

 

L’homme prit sa main pour vérifier le processus de guérison. L’entaille de sa main avait disparu. Le regard écarquillé de l’homme l’avait surpris, il lui avait bien proposé de le soigner, ce qui était normal. Sans lui demander son avis, il le retourna et Ange se retrouva dos à lui, ses cheveux furent dégagés de son dos et il commença à se débattre. Un grognement d’avertissement le paralysa et les petits poils sur sa nuque se dressèrent malgré l’ordre, il libéra brusquement sa main de la poigne de l’homme et lui lança un regard appuyé par-dessus son épaule. Des doigts calleurs descendirent sur sa peau et il chercha à les repousser d’une main qui fut tout aussi vite saisit quand un chuchotement lui était parvenu : « Impossible ».

 

Sa main attrapée, l’homme lui fit faire un demi tour dans l’eau avant de le tirer hors du bain. Il avait beau protesté, l'armoire à glace ne semblait pas entendre un traite mot de ce qu’il lui disait. Nus, il les attira près de l'alcôve qui gardait ses vêtement et sa dague personnelle, forgé pour lui avec une lame noire. Ange essaya de protester, son poignet fut tiré, veine apparente et sans hésitation l’homme trancha sa peau. Son cri fut immédiat, le sang se mit à couler et il frappa la poitrine de l’homme de sa main vide. Quand la première goutte de sang toucha le sol, sa peau s’était refermée et le sang ne coulait plus. « Ce n’est pas possible. Habille toi ! ». Son étole rouge opaque, pour les jours lambdas, sur les épaules, il fut tiré par l’Alpha dans les urgences de l’aile. Toutes les émotions et leurs odeurs l'angoissaient, il n’aimait pas cet endroit qu’il esquivait au maximum. L’Alpha le tira sans ménagement, jusqu’à son lieutenant au chevet d'un grand blessé, les draps étaient couverts de sang et les médecins essayaient de sauver la vie de l’homme. L’Alpha les poussa sans ménagement, son lieutenant contenait les mécontent qui vociférait. Il essaya de protester mais l’Alpha ne l’écoutait pas.

 

Il attrapa sa main dans la sienne et les posèrent sur la plaie béante au niveau de la gorge. Il se souvenait avoir manqué de vomir à ce moment-là, mais l’onde puissante qui le traversa lui donna un vertige. L’homme le tenait contre lui, l'empêchant de sombrer, quand il repoussa leur main jointe, l’homme de son escadron n’avait plus qu’une fine cicatrice qui semblait dater de plusieurs années alors qu’il était encore proche de la mort quelques minutes avant. Tous autour de lui retenaient leur respiration. L’Alpha ne lui laissa aucun répit, attrapant son lieutenant au passage il obligea Ange à les suivre jusqu’à une de leur dominante. La jeune femme semblait dans une tourmante obscure. L’alpha le força à s’asseoir sur le lit et mit son lieutenant à proximité. Sans comprendre ce qu' il attendait, rien ne lui avait été dit, mais une profonde tristesse lui prit l’estomac, instinctivement il posa une main sur son ventre. Ses larmes coulèrent d’elles-même, le flot de douleur était violent. De sa main tâché de sang et tremblante il toucha la main de la jeune femme et par une volonté qu’il ne se connaissait pas, il communiqua ce qu’il put de douceur à cette femme en deuil. Comme un soulagement étrange, elle le prit dans ses bras et les «merci» devinrent une litanie interminable.

 

Il exigea des explications qu’on ne lui donnait pas. Trop en colère contre son Alpha, il ne prenait pas le temps de réfléchir. Il avait passé son temps à pester contre l’homme toute la nuit. Quand le lendemain matin est arrivé, il fit en sorte de l’ignorer. Au sortir de sa chambre, il ne se gêna pour lui tourner le dos et lui infligea un coup de tresse en plein visage au passage. Il n’avait pas fait trois pas que la puissante main lui avait saisit le biceps. Plutôt grand pour un soumis, il pouvait essayer de freiner des quatre fers mais la puissance de l’Alpha n’était pas sans lui faire faire des embardés pour suivre le chemin qu’on lui imposait. Assis de force près d’un jeune homme qu’il connaissait pour être prophète, Ange fusilla son aîné et supérieur du regard, le haussement de sourcil, il retourna sa tête non sans un regard de biais. Ils passèrent des heures ensemble, si ce n’est la moitié de leur journée. Ennuyé, il voulait rentrer chez lui au lieu de suivre les deux hommes. Le premier signe de ce que soupçonnait l’Alpha fut une faiblesse chez Ange, puis un vertige qu’il endigua en le ceinturant. Il les glissa à terre en plein milieu d’un sentier, ce que le prophète fit en miroir, jusqu’à un silence de plomb. Sa tête allait et venait, des images plein la tête, jusqu’à celle très claire qui lui fit crier un «non» haletant. Tout s’éteignit pour lui et il sombra dans un grand sommeil.

 

Quand il revint à lui, il n’était pas dans sa chambre mais dans celle de l’Alpha à en sentir l’odeur; il se redressa tandis que l’homme venait l’aider. Il sentit la nausée le prendre quand il tourna le regard vers l’homme qui prit la parole plus vite que lui. « Ange, tu es un homme soumis, ce qui est déjà une rareté sans oublier ta nature mais il semblerait que tu sois d’ôter d’une rareté de plus, vraiment inattendu. Je ne pensais pas que ce serait possible ou que j’en verrai un durant ma vie. Tu es un Chamaleon. J’ai dû en informer la princesse et la reine. » Il commença à paniqué, c’était l’une des étapes de la prophéties qu’il avait vu. Brutalement il enserra le poignet de l’homme qui posa sa main sur la sienne sans comprendre. « Le prophète m'a dit que quelque chose se préparait, quelque chose d’important. Je ne peux pas rester, il faut que je prépare mes hommes. Repose toi.». Ce fut les derniers mots qu’ils purent dire durant plusieurs mois.

 

La prophétie était son angoisse, il n’aurait jamais voulu la voir, n’aurait jamais voulu la connaître, c’était comme une épée de Damoclès, une épée qui était tombée pour entailler son âme. Lorsque la princesse eut saigné pour la première fois, son rôle auprès d’elle se renforça. En plus d’esclave, il passa au statut d’objet sexuel pour son seul plaisir.. Il protesta, mais tous n’étaient pas à l’apprécier et ça, la reine l’avait bien compris. Évinçant l’Alpha, elle fit appel aux hommes les plus récalcitrant pour le manipuler, le livrer prêt. Il lui fallait une fille, et il était le meilleur parti selon sa mère dont la vie déclinait.

 

Toute la journée il avait été traversé par de mauvais pressentiments. Servir les besoins de la princesse était une chose qu’il avait appris à faire, sans jamais dépasser l’acte en lui-même. Son désir n’avait jamais été éveillé mais ce jour-là,  quelque chose de mauvais n’avait pas arrêté de tourner dans sa tête. Cette maudite prophétie. Quelque chose se jetait contre ses barrières mentales, qu’il gardait désespérément fermées. Son fauve voulait s’enfuir, prendre le contrôle, le protéger physiquement. Aujourd’hui, il ne ferait plus l’erreur de ne pas l’écouter.

 

Enduits d’huile aux propriétés aphrodisiaques, on le laissa dans cette chambre. Attaché au lit pour la première fois, les effets des onguent l’empêchaient de se débattre, le rendant presque souffreteux. Les mains de la maîtresse ne le rendait que plus malade à chaque fois qu’elles passaient sur son corps. Fiévreux, son corps ne répondait pas comme la jeune femme le voulait. Elle utilisa divers moyens, son corps, par lui-même autant que sa bouche ou ses mains mais son corps resta endormis. Humiliation, pour elle mais aussi pour lui, elle ne lui fait pas la grâce de l’épargner. Ce fut la première fois qu’il revit l’Alpha.

 

Cette nuit-là, Ange comprit que parfois les prophéties pouvaient être vraies et fausses en même temps. Les Chameleon ne sont pas censés garder des brides de pouvoir d’autrui, pourtant il ressentit le profond désir de l’homme à la vue de sa condition presque offerte en pâture. Il ne se reconnut pas quand il retira le débardeur de l’homme pour toucher sa peau. De nouvelles cicatrices, on l’avait mis en danger pour l'éloigner de lui. Il avait entendu que leur proximité ne plaisait pas. Il ressentit son profond désir à son égard, brûlant et intense. Cette proximité serait bien plus intense qu’elle ne l’avait jamais été. Ses mains ferment le retournèrent dans les bains vide par l’heure tardive. S’offrir à cet homme désireux avait été le seul moyen de calmer son corps éveillé par lui. Ce plaisir intense fut le mensonge de la prophétie, ce n’était pas avec lui qu’elle l’avait désigné mais bien avec la princesse. Néanmoins, cet acte d’abandon, vu comme une abomination, serait leur descente au Enfer mutuelle.

 

La couronne n’avait eu besoin que d’une seule occasion pour faire en sorte que les deux hommes soient sur la sélection. Dans un royaume matriarcal, les hommes n’ont leur place que par approbation du sexe opposé. Leur abandon était une offense même à la place de la femme, être de plaisir et de reproduction. Les deux hommes se sont retrouvés dans la salle du jugement. Reine et princesse sur leur trône et l’Alpha par procuration près de ses dernières. Il n’eut pas grand débat, l’Alpha à son côté pouvant à peine tenir debout tandis que lui assassinait de son regard l’homme qui avait pris une place qui ne lui revenait pas. Ce fut la princesse qui scella leur vie : « Mère, inutile de perdre de temps. Si Ange veut tant être une femme autant le réduire à une condition similaire. Quant à l’autre, un bannissement ou encore une noyade. C’est un juste jugement pour une fornication interdite.». La reine fit exécuter les ordres de sa fille d’un signe de la main.

 

Rien de ses cris ne pu interdire au homme de traîner l’Alpha entre des double portes tandis que lui était tiré au travers d’autres. Oui, ça, il l’avait vu. Il avait vu l’Alpha se faire torturer pour avoir désobéit, mais lui n’avait pas su qu’il y aurait une telle sentence. Installé sur une table d’opération de marbre blanc, on l’avait déshabillé. Ses poignets avaient été sanglés, comme sa gorge, son front ou encore ses chevilles lui écartant les jambes. Il se débattit comme il le put, chercha à se transformer mais chaque fois qu’il le tentait, un cri déchirant de son Alpha arrêtait le processus. Le médecin fut poussé par des Bêtas qui ne tarderaient pas à s'étriper pour savoir qui serait loyal ou non au nouvel Alpha.

 

L’homme protesta, sans transformation, il risquait de ne jamais en revenir, encore plus sans anesthésie. Les mots le transit d’effrois mais il n’imaginait pas qu’on ne lui permettrait pas de répondre.

 

« La princesse veut une castration, alors tu feras ce qu’on te dit. Pour l’anesthésie je m’en occupe.»

 

Ange voulu protester mais la montagne de muscles qui abattit son poing sur sa tempe ne lui en laissa pas le temps. C’est sur un cri de l’homme en qui il avait confiance qu’il perdit connaissance.

 

Après cette tragédie, il était resté un long moment inconscient, plusieurs mois comateux. Quand il a ouvert les yeux, il était dans un hôpital, enfin c’est ainsi que l’on a nommé la pièce blanche dans laquelle il s’était réveillé. Un homme plus âgé que lui s’était tenu au pied de son lit. L’espace d’un instant, il avait cru que ce n’était qu’un rêve, mais quand il souleva le drap un épais pansement recouvrait le bas de son corps. La pression sur sa cheville lui fit sentir une dose de chaleur et de soutien. Rien ne pourrait réparer son corps mutilé.

 

Ange appris qu’il n’avait que dix-neuf ans, qu’il était dans la ville de Bangkok en Thaïlande. C’était sa langue que l’homme parlait, mais aussi celle qu’il écrivait. Les gens de Bangkok palais comme lui, il avait été persuadé que ce n’était pas possible. Cela lui fit poser plein de questions, c’était impossible que son monde soit celui-ci, mais l’homme ne lui avoua rien. Il l'aida à prendre pied dans une ville immense grouillante de vie. Comme s’il avait été enfermé pendant vingt ans loin de la vraie vie, il avait dû apprendre beaucoup de choses de A à Z comme les liens sociaux ou encore reprendre un niveau scolaire correct.

 

La première chose qu’il avait faite seul avait été de couper ses longues mèches. Il s'est fait des amis en deux ans. Son éducation s’était révélée excellente et il aimait apprendre. Ce qui l’avait sauvé avait été l’aide de cet homme, homme qui n’avait pas hésité à l’employer dans sa librairie pour le bercer dans la vie active de la ville. Cependant il y a des choses que l’homme ne pouvait pas réparer, comme sa confiance envers ses congénères, il ne pouvait pas non plus réparer sa peur des femmes notamment avec les dominantes.

 

À vingt-deux ans, Ange partit pour visiter l’Europe sous couvert de toujours être entouré des connaissances de l’homme qui l’avait accueilli. Ça n’avait pas été facile entre eux, comme un animal blessé et apeuré, il avait fallu plusieurs semaines avant qu’il ne lui parle, des mois avant qu’il n’accepte de rester dans la même pièce que lui. Il avait pourtant fait confiance à son félin, c’était un homme de confiance. Ce ne fut qu’au bout d’un an qu’il sut qu’il s’agissait d’un solitaire en terrain neutre, terrain où échouent des hommes comme lui.

 

Ange visita la France, mais aussi l’Espagne ou encore l’Italie. Six mois plus tard, il avait posé les pieds aux Etat-Unis, la folie des grandeurs, il était devenu un homme souriant, et lumineux malgré son histoire et son passé. Il voulait vivre simplement, toutefois cela faisait plus de trois ans qu’il ne s’était pas transformé, comme s’il était coincé dans son corps humain. Il avait essayé mais cela semblait impossible, comme s’il n’était pas le seul encore endormi.

 

Ce fut au cours de sa vingt-troisième année qu’un phénomène étrange se produisit. En visite en : (Pays en cours de décision), il marchait dans les rues de la ville en compagnie d’un ami du même rang que lui. Présenté à la meute locale comme visiteur, il ne risquait rien. Ils s’approchèrent d’un stand de nourriture, à l’odeur, il eut un doute quant à aimer cette nourriture, mais son ventre gargouilla et sur ses papilles il crut goûter la nourriture. Il était pourtant capable d’affirmer que jamais il n’avait mangé cette street food. Un rire raisonna dans son crâne, son cœur s’emballa, l’animal en lui s’éveilla d’un seul coup et pour la première fois une sorte de roucoulement se fit entendre accompagné d’un ronronnement. Jamais Ange n’avait produit ce son. Le loup à ses côtés avait été surpris et avait instinctivement enlacé sa taille pour lui apporter du réconfort sous le regard intrigué du commerçant.

 

Depuis le phénomène s’était amplifié, parfois il passait des nuits éveillé avec des questions plein la tête, une incapacité à apprécier quelque chose que lui-même n’avait pas fait qui pouvait le rendre grognon. L’esprit ailleurs, il se retrouvait à écrire des listes de choses à faire, ou encore des mots qui ne lui disaient strictement rien. Le pire était la nuit, des insomnies où son corps était éveillé par l’excitation, une excitation qu’il ne pensait plus capable d’avoir aujourd’hui, ou le plus fatiguant par des questions incessantes qui le faisait se tourner encore et encore. Des questions qui n'étaient pas les siennes : Qui pouvait même penser à prévoir ce qui pourrait arriver le lendemain selon des plans prédéfinis.

 

Cette année-là, perturbé par cette nouvelle sensation, il avait eu besoin de trouver des réponses. Il passa neuf mois dans un village reculé de la Thaïlande en tant que précepteur. Le village où il avait été basé avait été choisi expressément selon sa nature. Entouré de félidés, il avait pris le temps de comprendre sa nature profonde, de comprendre qui il était. Si l’Alpha a mis tout le pouvoir qu’il avait en lui auprès de Ange pour lui faire retrouver une part de lui, il n’a jamais pu procéder à sa transformation complète. Il avait donc dû expliquer ce qu’il traversait, ce qu’il ressentait. L’Alpha avait été bienveillant, lui révélant une légende rare, personne n’y croyait mais tout semblait croire que ça lui était tombé dessus.

 

Il paraissait, que certain métamorphe ayant connu des épreuves choquante, se retrouve incapable de transformation. L’animal en eux n’ayant aucun intérêt à se montrer reste endormis, le cœur battant mais sans vraiment vivre. Il attendait de pouvoir trouver un endroit suffisamment sécurisé pour pointer à nouveau le bout de son museau. Pire encore, il était possible qu’il attende cette moitié unique pour accepter de ressortir complètement. Ce ne fut que grâce à cet Alpha qu’il put intérieurement rencontré la panthère en lui, une panthère effrayée, une panthère qui léchait ses plaies et faisait le dos rond contre quiconque semblait vouloir approcher, feulant son désaccord. Son animal n’était qu’une tâche blanche dans une mer de noirceur qui semblait infinie.

 

Avant son départ, le prophète du village alla le trouver. Jamais Ange ne l’avait vu parler autrement que lors d’une transe. Il fut surpris quand sa peau pâle est presque translucide s’était saisit de sa main. L’onde de chaleur l’enveloppa, ses yeux devinrent totalement blanc, la puissance de ce prophète n’était plus à faire, mais sa propre robustesse avait changé. Le prophétie fut déroutante :

 

Il souriait, courrait sur une plage d’un pays qu’il ne connaissait pas. Son rire est éclatant quand une ombre le saisit par la taille pour les faire tomber au sol. Le sable colla à ses cheveux mais il n’hésita pas à glisser son nez contre le cou qui lui était offert. «Je t’aime», la même voix que dans sa tête, une chaleur brûlante, et un baiser déposé sur une morsure plus que visible entre son épaule et sa nuque.

 

La main glissa de la sienne et la prophétie s’arrêta. Le prophète s’inclina en douceur avant de faire demi-tour. Vérité ou mensonge ? Seul l’avenir pourrait le lui dire.

 

Aujourd'hui :

Ange vient d'emménager à Wellington en Nouvelle Zélande. Il a pris un poste de libraire dans l’un des commerces de la ville. Il devrait se présenter pour sa sécurité, mais serait-il un solitaire, un touriste de passage ? Homme, soumis, chameleon, félin en voie de disparition, il savait qu’il n’était pas sans attiser curiosité et convoitise.  Il ne connaît personne mais son instinct lui disait qu’il y avait quelque chose à vivre ici. Allait-il trouver sa place ici ? Il n’en savait rien mais il vivrait ce qu’il lui serait permis d’avoir.

 

Entre vérité et fantasme, la frontière est toujours floue.

Biographie

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