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Nuada Idriessa

ft Bhumika Arora
Alpha
26 ans
Celibataire

Heterosexuelle

Parfois il nous arrive de chercher à remonter le courant de nos propres souvenirs, juste par curiosité, juste pour voir où entendre quelque chose qui tout petits nous aurait marqué d'une quelconque façon. Les humains parviennent même à apercevoir le visage de leur mère alors qu’ils étaient poupons, ou sentir l'odeur légèrement sucrée du lait maternel.
Ah, me trouveriez vous étrange si je disait, que mon plus ancien souvenir remonte à un hiver froid et lugubre, ou je me rappelle du cachot de la route qui me transportait avec d’autres enfants ? Il y a aussi… l’odeur de la cendre chaude, et la sensation des mains calleuses au creux des miennes.
L’image, très claire du visage d’un garçon perdu que je saurais être Adrien des ma première interrogation.
Comment en suis-je arrivé à me retrouver déporté dans une camionnette d’orphelins conduite par d’étranges silhouettes ? Même maintenant j’ai peine à m’en rappeler, seul se profile quelque part dans mon esprit une vie faite de ruelles qui s’enchaînent ou je m’endormais le soir à même la pierre gelée et le ventre creux, et d’une chanson très claire qui résonne de la bouche d’un mendiant de quartier, chantant les louanges d’un homme capable de se changer en lion .
La chanson… faisait quelque chose comme cela.

Les loups endormis au cœur des arbres
Les chauves-souris toutes se balançant dans la brise
Mais une âme est là anxieuse et bien éveillée
Craignant toutes sortes de monstres , sorcières et fantômes
Pour ta poupée, Dolly le sommeil s'est envolé
N'as-tu pas peur de la laisser toute seule

Car le loup , sans cœur, froid
Est payé en sang rouge
Il va et vient ne laissant rien derrière
Que le chagrin et le malheur
Profond, profond malheur

Et elle continue encore sans que je ne puisse m’en souvenir, sonnant comme la ritournelle qui a donné à mon cœur l’envie d’être celui, que l’on chanterait ainsi, les métamorphes les plus influents, les alphas, gagnent fort bien leurs vies, ils sont craints, respectés, admirés.
Et je me suis retrouvé sur les routes en quête d'un de ces légendaires alphas.
Rien de glorieux, me direz vous, si ce n’est l’appât du gain et une vision de lumière entre deux portes ouvertes, mais mieux que rien pour un gamin qui aurait surement finir par mourir de la fièvre dans un caveau de quartiers insalubres. Joindre un alpha une meute, c’est être promis à une vie plus paisible que la mienne.

C’est la… que je le rencontrais. Ce petit garçon qui avait partagé un voyage avec moi dans une camionnette, Adrien , qui de mon âge en faisait le double et pourtant arborait ce visage d’une sensibilité qui me toucha. Alors qu’il pleurait je prenais ses mains au creux des miennes et sa chaleur encore semble persister sur ma peau lorsque je m’évoque ce souvenir.
Au gré du destin nous avons fui la promesse incertaine des hommes nous guidant, pour rejoindre par miracle les premiers metamorphes qui nous formèrent.
Et je mentirais en disant que ce fut la plus agréable partie de ma vie, car les metamorphes qui prirent spin de nous étaient forts mais impitoyables envers les jeunes , et ils ne s’y attachent pas, car l’épreuve du froid, de la faim et de la fragilité en emporte tant que la douleur d’une affection pourrait les rendre fou.
C’est un monde sans amour que celui que j’ai connu un monde fait de froid et d’acier, de dureté et de coups, encore et encore, perpétuant des traditions trop anciennes, celles de bêtes qui cherchent à survivre .
Seul me réchauffait les longs soirs d’hiver, le regard d'Adrien qui se déposait sur ma peau alors que nous touchions l’adolescence et ses pétales fluettes, et je réalisait que durant tout ce temps où nous avions grandi et affronté ensemble les épreuves, je ne m’était pas rendu compte qu’il me désirait de cette façon.
C’est hors norme, dans tous les sens du terme. Autant par le physique monstrueux de mon ami qui comme une bête continuait dans cesse de grossir en muscle et en taille, autant par le fait… que les metamorphes sont très fiers de leur sexualité , et que je ne fut pas encore à l’aise avec mon propre corps .

Les épreuves qui suivirent furent bien plus horribles encore, et pourtant, nous ne pouvions nous résoudre à l’abandon, l’un et l’autre. Nous n’avions pas rejoint une meute mais le groupe de métamorphe auquel nous appartenions était fort et robuste, dur, impitoyable mais honnête.
En dehors du commun notre lien ne s’entacha pas des années, de la lassitude, et de la douleur. Jusqu’au jour où nos vies furent séparées de force. Notre groupe vola en éclat lors d’une attaque d’extrémistes, et ce petit clan n’avait plus d’avenir .
ce fut un choix de notre part, irrévocable et absolu qui m’envoya à l’écart de celui que je découvrait aimer. Il prit un chemin, et moi le mien.

Alors que nous étions enfin des hommes, et des metamorphes accomplis de surcroît, je me retrouvait à emprunter loin de mon aimé le chemin dont j’avais toujours rêvé. Celui de la fortune, de la paix. Je rencontrai les deux alphas de la meute Brasier et décidait de les rejoindre. Hors, bien loin de la joie que je pensais trouver ce ne fut qu’un vide aussi froid que les hivers traversés qui m’accompagna. Adrien me manquait.

Loin des miens et de cet homme abandonné je me perdait dans le vaste monde pour découvrir ma propre nature animale .

Un métamorphe adverse terrorisait la région, une bête des plus imposantes qui parfois passait au dessus du territoire dans un ensemble de cris affreux et stridents qui même moi me glacèrent le sang, et sans doute que le destin y a mis un peu de son sel, car j’avais mes preuves à faire. Il s’agissait d’un métamorphe ours avide de nous provoquer, et je décidait de partie en chasse .
En somme… la providence avait guidé mes pas .
L’animal dans toute sa féroce beauté suscita en moi une fascination profonde, et fut le premier adversaire que je rencontrai réellement que je rencontrais réellement.

Et une fois l’ours tombé dans un dernier souffle de rage je su, que cette fois ce serait mon nom que l’on entendrait résonner dans les comptines comme celles de mon enfance , de gloire et de force.

J’avais gagné le respect de la meute.

Pendant longtemps mon obsession devint ma meute , bien vite rejoint par d’autres metamorphes qui se louèrent à notre labeur avec une dévotion nouvelle qu’ils semblaient nous vouer , et je savais que cette victoire sur l’ours suscitait au sein des miens une sorte d’emoi rêveur et admiratif.
Tout comme je l’avais toujours aspiré, c’est sur l’argent que je portait mon attention, détournant les connaissances, compétences et charisme au profit de mon propre enrichissement..
Je réalisait pourtant comme une gifle que les années étaient passées trop vîtes et m’avaient éloignées de quelque chose qui a présent me manquait.

Adrien … et sa force puissante. Adrien qui le soir se couchait contre moi et me laissait entendre son imposante respiration endormie.
Adrien … comment mon amour n’a-t-il pu se tarir malgré les années ?
Parfois je guettait une nouvelle de lui, de temps à autre, comme une de ces comptines, et il était devenu à mon contraire une brute bestiale que je ne reverrai sans doute jamais .

Un jour peut être, que par delà le territoire des Brasier, je m’aventurerai pour le revoir.

Un jour.

Biographie

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