Il aurait préféré qu'ils ferment leurs grandes gueules, eux, ce qui, bien fiers de leurs crocs et de leurs poils ont révélé au monde entier ce qu'ils sont réellement. Des monstres ? Oh, sûrement oui. Il n'y a rien de naturel qui puisse coexister entre l'homme et l'animal c'est certain, alors des monstres ce sera.
Il n'en est pas moins que les monstres qu'ils sont ont un aspect charmant et d'envoutantes manières qui fascinent les hommes et les rendent si irrésistibles à leurs yeux, il est facile de leur donner un charmant sortilège le temps d'une nuit, d'un instant fugace ou l'appétit bestial et primitif peut prendre le pas sur la jouissances physique, ou le goût de la chair semble irrésistiblement plus attrayant qu'un seul coup de reins de plus.

Oh comme il préfère la chaleur du sang à la chaleur de l'affection, c'est une saveur qui reste gravée sur la langue plus que tout sentiment éphémère.
Il aurait préféré qu'ils ferment leur gueule oui, car l'ombre est un endroit bien plus rassurant que la lumière, ou jamais personne ne viendrait regarder et les chasser.

Il sait, que cette lubie de coexistence n'est qu'un rêve des plus naïfs, enfantin, ou idiot, ou totalement abruti, il hésite parfois, regardant en biais les métamorphes sur leurs quatre pattes se pavaner dans leurs belles écharpes de fourrures clairsemées entre les hommes en extases, ou chassés par des extrémistes fusil à l'épaule.
Dans tout ce théâtre grotesque il cherche encore à définir quels sont les plus idiots entre les idiots, pour autant il se gardera bien d'aller traiter un lion d'idiot.

Il cherche en silence dans les nouveaux replis de ces territoires de quoi satisfaire sa voracité, le ventre arrachant la terre et l'œil presque aveugle, glissant lorsque sa langue perçoit le frémissement distant d'un pas sur le sol ou d'une course effrénée dont il pourrait être l'inattendue conclusion.

Puis lorsque son ventre est contenté, il avance sur ses deux jambes au travers cette folie euphorique, un sardonique sourire aux lèvres.