Les malentendus sont monnaie courante dans ce monde qui semble avoir un penchant plus que prononcé pour les complications.
Deux enfants liés l'un à l'autre, nées le même jour et de la même mère. Une loyauté sans égal noyé par une souffrance partagée par les deux enfants. Puis une séparation.

Ce soir-là, tout n'était que brouillard dans son esprit. Seul un souvenir persistait et se montrait aussi clair que de l'eau de roche. Une seconde, elle tenait fermement la main de sa sœur, et celle d'après la voilà au fin fond d'un fossé, une douleur paralysante venant de son flanc et des bruits de pas qui s'éloignaient d'elle à toute allure. Et bientôt, la douleur de l'abandon vint alors faire concurrence à celle de la chaire.

Rayne, c'est quelques jours après ce fameux soir qu'elle fut baptisé ainsi. Isra, ce nom qu'elle jugeait maintenant infâme et qu'elle n'avait dévoilé qu'à celui l'ayant sauvé des crocs glacials de la mort, et qui lui octroya aussitôt ce pseudonyme. "Rayne", semblable à la pluie qui était venue fouetter son visage alors qu'elle était sur le point de donner son dernier souffle.

Des jours durant, la jeune femme n'avait adressé la parole à qui que ce soit, probablement le temps qu'il fallait à son esprit pour se convaincre de ce qu'il avait cru voir. Et ce fut cette fausse vérité qui marqua le tournant décisif dans la vie de celle qui se nommera maintenant Rayne. La colère viendra alors teinter son âme lisse, et un certain chagrin s'était alors agrippé à elle. L'éternelle grincheuse accompagnée de son fidèle soupire exaspérer qu'on finit par apprendre à apprécier avec le temps, quand on sait que ce dernier cache une pointe d'affection, aussi étrange que ça puisse paraître.

 

Se trouver au sein d'une meute fut au départ très étrange, et c'était mentir que de prétendre qu'elle n'avait pas songé à s'enfuir plus d'une fois. Par crainte de ce nouvel environnement, mais aussi par désir de retrouver celle avec qui elle était supposée s'être échappé ce fameux soir. Cependant, et même au jour d'aujourd'hui, elle ne saurait mettre le doigt sur ce qui avait pu la convaincre de rester. Quoi que les arguments aient pu être, ils furent suffisamment convaincants pour qu'elle se dévoue corps et âme à sa "nouvelle famille", comme elle aime les appeler. En secret, bien entendu. Nouvelle petite génie en herbologie et herboristerie, décidée à se rendre utile malgré son absence de don, les plantes sont autant devenues ses amis que ses armes de prédilection. Ainsi elle put alors, malgré la rancœur et les maux plus que tenaces, occuper son esprit à autre chose que son idée de chasse à l'homme. Elle avait parfaitement épousé sa nouvelle identité, ainsi que sa nouvelle vie qui allait avec. Elle ne garde de ses tourments passés que de rares flashback tous plus inconfortables et accommodants les uns et que les autres, mais également cette cicatrice béante sur son flanc droit.