Andraste avait vécu seulement avec son père. Sa mère étant décédée peu de temps après sa naissance, elle s'était retrouvée dans un combat, qu'elle ne souhaitait pas. Son oncle – le frère de sa mère donc – était dans la même meute que ses parents, et il avait un lien d'âme sœur avec une métamorphe faisant parti d'une autre meute et qui, de plus avait un partenaire. Il s'était battu avec ce dit-partenaire et sa mère s'était trouvée enrôlée dans toute cette histoire parce qu'elle avait conscience dès le début qu'elle finirait mal.

A la mort de sa mère, son père a complètement perdu les pédales. La disparition d'une partie de son âme l'a changé. D'un caractère jovial et joueur, il était devenu quelqu'un de caractériel, impulsif et insatisfait. Il était donc celui qui avait éduquer Andraste, il les avait fait fuir leur meute, devenant ainsi deux métamorphes solitaires, bien qu'ils ne se quittaient pas d'une semelle Andraste avait appris à ne jamais démontrer ses sentiments, qu'ils touchent le domaine de la peur, de l'angoisse, de l'amour ou même de la colère. C'est ce qui faisait sa spécialité. On ne pouvait jamais savoir ce qu'elle pensait, elle aurait beau apprécier quelqu'un elle ne le lui dirait pas, il se pourrait qu'elle le montre avec des gestes si elle connaissait la personne en question depuis un moment, mais ce genre de situation restait tout de même rare.

« Respire, tu peux voler, extérioriser ce que tu ressens... Vis. » C'était le type de discours qu'elle partageait avec son corbeau lorsqu'elle volait, lorsqu'ils volaient, c'était finalement le seul endroit, le ciel, où elle pouvait être heureuse et se laisser aller dans ses sentiments. C'est le seul endroit où elle s'autorisait à laisser tomber le bouclier émotionnel pour qu'on puisse lire sans impasse son âme, mais elle prenait garde pour que seuls les animaux ou la lune puissent le voir. C'était son moment.

Andraste était une métamorphe. Son corbeau était magnifique tout en étant significatif. Ils ne faisaient qu'un. Toujours sur la même longueur d'ondes, l'harmonie et la symbiose se faisaient ressentir entre eux. Le père d'Andraste lui avait toujours appris à faire attention à ses sens et à son instinct, ce sentiment d'animalité de la jeune femme venait sûrement de là. Son père étant devenu incontrôlable au fil des années, finit par s'enfuir, de peur de faire du mal à sa propre fille, bien que c'est ce qu'il ait fait tout au long de son enfance en ne lui apportant aucune affection. Les câlins étaient inconnus à Andraste, les seules fois qu'elle en ait eues un aperçu étaient celles où elle s'offrait à une autre personne. Toujours du même sexe. Ce côté lesbien, Andraste le cachait. Elle l'avait toujours su, il relevait de son instinct, mais elle connaissait son père plus que tout et elle savait à quel point il était fermé d'esprit et qu'il ne l'accepterait pas. Alors elle se servait plus que jamais de son bouclier émotionnel, et puis elle voyageait. Ses talents de survie lui étaient indispensables, sa solitude se lisait sur son visage mais elle appréciait cela. A l'heure actuelle rien ne lui faisait penser qu'elle pourrait un jour rejoindre une meute. Son père restait à jamais dans sa mémoire, il l'avait tellement contrôlée, façonnée à son image qu'elle vivrait très mal le fait de se retrouver comme privé de sa liberté qu'elle avait eu tant de mal à acquérir.